Il n’y a pas mort d’homme… ce n’est qu’un panneau
Vendredi 5 mai 2017 / Jean-Pierre Cattelain
A Besançon, Chemin des Journaux, dans le quartier tranquille de Velotte, un panneau de 3m x 4 m annonce la prochaine construction d’un ensemble immobilier, et presse les investisseurs de profiter de divers dispositifs de défiscalisation.
Le hic, c’est que les deux bâtiments d’habitation sont terminés depuis plus d’un an, et habités. Le panneau n’a donc plus de raison d’être. Il y a plus de six mois, j’en ai fait par écrit la remarque à l’entreprise Néolia. Celle-ci, sans rire, m’assurait quelques semaines plus tard que le maintien de ce dispositif était justifié car il lui restait deux appartements à vendre (ah bon…).
Je me suis donc adressé en décembre 2016 à la Municipalité. Le 15 février dernier, les services d’urbanisme, sous la signature de l’adjoint compétent, m’ont fait savoir qu’ils mettaient Néolia en demeure de démonter son panneau dans un délai de 15 jours, sous peine de poursuites.
La date butoir est passée depuis plus de deux mois, le panneau est toujours là. Mon courrier de rappel au Maire est resté sans réponse.
D’accord, il n’y a pas mort d’homme… ce n’est qu’un panneau. Mais de cette anecdote mineure on peut tirer quelques enseignements:
1/ Avis aux agences immobilières, promoteurs, ainsi qu’à tout particulier qui aurait un bien immobilier à vendre : affichez votre offre sur 12m2, que nul ne l’ignore! Et laissez-le jusqu’à conclusion de la vente – voire un peu au-delà, toute publicité gratuite est bonne à prendre.
2/ Si vous recevez une mise en demeure de la Municipalité de vous mettre en conformité avec la loi ou la réglementation, vous pouvez impunément l’ignorer. Du moins si vous êtes un promoteur assez puissant ( je n’en jurerais pas si vous êtes un particulier).
3/ Vu le temps et l’énergie que prend la suppression d’un simple panneau, qu’en sera-t-il de la mise en œuvre de réglementations environnementales plus délicates, sur la qualité de l’air, la pollution lumineuse, les normes sanitaires, le traitement des déchets, l’épuration des effluents, l'usage de pesticides, les nuisances sonores… ?
4/ « Pourquoi le gouvernement n’encourage-t-il pas les citoyens à rester en alerte pour lui signaler ses erreurs et améliorer ses propres décisions ? » se demandait le philosophe américain H.D. Thoreau. Mais c’était en 1848, on voit bien sa naïveté. Comme celle de ces Français de 2017 qui ont l’impression de ne plus être écoutés de leurs élus, et se tournent vers d’autres, qui savent promettre…
Bon, je me laisse emporter… après tout, il n’est question que d’un panneau, il ne faut pas tomber dedans.