Besançon et ses horaires de bus fantaisistes
Vendredi 6 février 2015 / Daniel Bordür

L'autre jour, il pleuvait. J'avais un reportage à 14 heures au collège Camus de Besançon, tout en haut de la rue de Saint-Claude. Je devais ensuite assister à une conférence de presse à 16 heures au Kursaal. Comme souvent quand il faut circuler en ville, j'ai pris le bus. On n'a pas à se préoccuper du stationnement de sa voiture ou du stress de la conduite urbaine, on peut lire le journal ou ses mails, rêver, ouvrir l'oeil, tendre l'oreille, croiser une connaissance, redécouvrir la ville...
Le bus qui devait me conduire de Saint-Claude à Granvelle partait à 15 h 32 et m'amenait à 15 h 54 ou quelque chose comme ça. C'était mentionné sur la fiche horaire sur le site de Ginko, c'était écrit sur le tableau de l'arrêt de bus. Par prudence, j'arrive à 15 h 28. Un jeune homme était déjà là, sautant d'un pied sur l'autre.
15 h 32, pas de bus. On doit le voir arriver dans l'autre sens, il n'était pas dans la circulation au bout du champ de vision. 15 h 35, pas de bus. Je m'impatiente, je vais être en retard. C'est d'autant plus rageant que j'avais quitté mon reportage avant la fin des échanges. Le jeune homme sourit, un peu contrit : « je risque de rater mon train ».
C'est finalement le bus suivant, annoncé à 15 h 46, qui arrive. A l'heure. Le précédent n'est pas passé... « Ça arrive », dit le chauffeur que j'interroge. Ça arrive parce que la régulation détourne parfois des bus en retard. Ça arrive parce que des bus sont supprimés. Ça arrive, quoi.
Et pourquoi les bus sont-ils en retard ? Parce que « les horaires sont calculés trop juste : c'est pour ça qu'on a fait grève en décembre, mais ils ne veulent pas comprendre ». Ce jour là donc, en milieu d'après-midi, le bus parti à l'heure de son terminus de Saint-Claude n'a pas pu me déposer à l'heure prévue à Granvelle où il devait arriver à 16 h 03. J'aurais eu 3 à 4 minutes de retard à la conférence de presse, ça joue encore, comme disent les Suisses.
Finalement, sans trainasser, on est arrivé à 16 h 08 et j'ai eu dix minutes de retard, la conf' avait commencé sans moi, je me suis installé le plus discrètement possible, mais tout le monde s'en est rendu compte. Pas grave, ça arrive... Mais je n'aime pas ça.
Le chauffeur a eu le temps de m'expliquer son point de vue. De dire que c'est comme ça depuis le tram. Non pas qu'il soit contre, ce n'est pas la question. D'autant que le tram, il en convient avec moi, est généralement à l'heure. Alors que les bus doivent continuer au milieu d'une circulation identique sur des voies qui, sur de nombreux itinéraires, ont été divisées par deux.
Il me dit ça en regardant devant, derrrière, dans les rétroviseurs, en s'arrêtant parce qu'une voiture tournant à gauche ne s'est pas positionnée correctement sur sa file, empiétant sur la voie où nous circulons. Résultat : un feu rouge de plus. Descendu à l'arrêt précédent, le jeune homme de tout à l'heure courrait pour attraper son train. A Chamars, ça coince aussi, on attend trois ou quatre cycles de feux de circulation. Et encore, « on n'est pas à une heure de pointe », dit-il. A 8 heures du matin ou 6 heures du soir, ce n'est pas cinq minutes de retard que nous aurions eues, mais le double, voire le triple...
Du coup, vais-je continuer à prendre le bus si les horaires ne sont pas fiables, si certains sont supprimés ? C'est sûr, je ne suis pas le seul à me poser cette question. D'ailleurs, elle me tombe parfois dans l'oreille. Souvent même. J'ai du mal à croire que les gestionnaires du réseau ne l'entendent pas.