Nadia Peccaud, l’évidence de l’écriture

Éducatrice dans le Jura et auteure de nouvelles que Factuel a commencé à publier, Nadia Peccaud a une belle écriture et une sensibilité juste. Lauréate d'un concours de nouvelles en 2013, elle donne à voir des invisibles et des fracassés, des personnages ballotés par l'histoire, imagine des situations cocasses et produit des émotions fortes.

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Nadia Peccaud a « le goût des autres », une « sensibilité à ce qui [l]'entoure ». C'est pour ça qu'elle exerce le métier d'éducatrice spécialisée. C'est aussi ce qui l'a conduit à écrire. Plus jeune des poèmes et un journal intime. Puis en 2012 des nouvelles. Sa participation à un atelier d'écriture animé par l'écrivaine Nicole Zorn constitue le déclic : « elle m'a encouragée, m'a dit que ça valait le coup. Elle m'a donné confiance ».

Les nouvelles de Nadia Peccaud traitent de sujets graves avec une écriture légère comme une évidence. Elle porte une attention aigüe aux fêlures humaines. Elle voit les invisibles, les silencieux, les humiliés. Elle leur donne la parole, donne du sens à des existences fracassées ou blessées, elle sait les chaos de l'enfance abandonnée et le fracas que fait l'histoire à l'intime. 

La nouvelle Demain, elle se lèverait de bonne heure - que Factuel publie ici - est issue de l'atelier d'écriture : « j'avais écrit une lettre que j'ai casée dans cette histoire... Ce qui m'intéresse, ce sont les personnages ». Les personnages et leurs dialogues, ou leurs tentatives de dialogue... Elle invente des situations et laisse aller sa plume. On sent aussi le vécu d'une professionnelle du travail social confrontée à la douleur des autres, comme dans Dehors le temps était doux : « Sa première réaction avait été de juger cette Violette, puis elle avait écouté son histoire. La jeune femme avait fermé les yeux. Léa avait alors entendu la voix de l'enfant... »

Nadia Peccaud a aussi l'imagination vagabonde. Avec Pluie jamais ça, elle crée (?) un certain Charles Benjamin Placide Mirabeau vivant rue des fables qui, ne pouvant pas s'endormir après la lecture de son quotidien, sollicite des correspondants pour inventer des mots moins durs... 

Dans Signe des temps, elle campe un étudiant de 2074 alors que la troisième guerre mondiale vient d'éclater. Il tombe sur le journal d'une adolescente se réjouissant de la victoire de François Mitterrand en mai 1981 et s'interroge : « Il se dit que ce qui a manqué aux enfants de sa génération est sans doute l'ennui (...) Avait-il connu ses parents autrement que préoccupés ? »

Les textes de Nadia Peccaud sont profonds, humains, empreints d'émotion, écrits avec justesse. A quoi sert la littérature selon elle ? Elle répond en citant Cesare Pavese : « L'art est la preuve que la vie ne suffit pas... » Que dire de la préoccupation sociale, du besoin de justice pour les simples et les méprisés, qu'on sent à chacune de ses pages ? « Je me place du côté de ces gens-là, mais je ne cherche pas à démontrer quelque chose, juste à faire vivre des personnages. Il n'y a pas d'engagement politique, mais je me place rarement du côté des dominants. »

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