Un petit patron contre la loi El Khomri

Fondateur il y a plus de 20 ans d'une petite société d'élagage à Besançon, Jean-Marie Vieille a manifesté contre la loi El Khomri. Il redoute d'être concurrencé par des entreprises qui auront passé des accords dérogatoires à la convention collective du paysage : « c'est le social qui fera la différence ».

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Jean-Marie Vieille est le patron de la petite entreprise Vert-Tiges qu'il a créée il y a plus de vingt ans à Besançon. Il dit fièrement avoir été « le premier dans le Doubs à signer un accord Aubry sur les 35 heures avec un représentant du personnel nommé ». Il emploie aujourd'hui cinq salariés et un apprenti. Sa pancarte parle d'économie : « Après le dumping social au sein de l'Union européenne, Khomri nous promet le dumping social entre nos entreprises ». Il réclame le « retrait immédiat et définitif » d'un projet de loi qu'il estime dangereux. A contre-courant du discours patronal habituel, il présente ses arguments.

« Cette loi organise la concurrence entre entreprises. Il y a les patrons qui, comme moi, paient à peu près bien en respectant la convention collective du paysage qui est relativement correcte pour les salariés. S'il y a un accord dérogatoire dans une autre entreprise du secteur, elle serait en concurrence avec moi et c'est le social qui fera la différence : c'est du dumping social, la masse salariale représente plus de 50% des dépenses.

« Aujourd'hui, on a le droit de licencier comme on veut »

« Je n'en peux plus, je suis en colère. Aujourd'hui, c'est facile de licencier. Et ils vont créer un CDI où on pourra licencier sans préavis pendant deux ans alors qu'on est obligé de payer le CDD actuel jusqu'à la fin du contrat. Aujourd'hui, on a le droit de licencier comme on veut. Cette loi, c'est pour les patrons voyous qui veulent savoir ce que ça va leur coûter. Ceux qui licencient dans les règles, ils savent combien ils vont payer. Ce sont ceux qui trichent qui veulent savoir ce que ça va leur coûter, car aujourd'hui ils vont aux prud'hommes quand ils trichent trop fort...

« J'en veux aux journalistes et aux économistes dont les discours jouent avec la stabilité de millions de familles. L'embauche, c'est les carnets de commande. Et dans le paysage, quand il n'y a plus de commande publique, il n'y a plus de travail. C'est un texte fait pour les grosses boîtes... On est sept : cinq salariés, un apprenti majeur et moi. Ce qui me fait peur, c'est qu'on est déjà concurrencé par des auto-entrepreneurs sans TVA. On va l'être par ceux qui font du moins disant social... »

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