Co-rapporteure d'une mission d'information parlementaire, actuellement en cours, avec Monique Iborra (LREM), Caroline Fiat est aide-soignante de profession, ce qui en fait l'une des très rares députées issues de la classe ouvrière. Elle était intervenue lors du débat sur le budget de la Sécurité sociale, le 24 octobre dernier, pour déplorer notamment l'absence de moyens supplémentaires pour les Ehpad existant, malgré les 100 millions alloués à 5000 places nouvelles.
Où en est cette mission d'information ?
Elle est en cours... Les deux rapporteures du budget des Ehpad et l'ensemble des groupes de l'Assemblée sont d'accord sur l'urgence. Cela fait trois décennies qu'on supprime des moyens aux soignants, qu'ils disent qu'on va dans le mur. On y est. Alors il faut travailler. Avec Monique Iborra, on fait des visites dans les Ehpad qui ont été peu traités lors du précédent mandat. On cible les Ehpad, mais l'ensemble des établissements de santé sont visés. Les Ehpad sont dans une urgence sanitaire, l'hôpital public aussi. Tous les établissements de santé sont impactés par des choix drastiques.
Vous êtes allée aux Opalines de Foucherans avec François Ruffin pendant la grève... Qu'allez vous porter à l'Assemblée ?
Ce qu'on a mis en lumière. La parole s'est libérée, ça a déculpabilisé les soignants. J'ai l'impression que le mouvement de mardi [30 janvier] va vraiment marcher. A chaque fois que je vais dans un Ehpad, on me parle de débrayages d'une heure ou deux. Ce sera impressionnant, au moins de l'intérieur... Quand on voit les annonces d'Agnès Buzin qui ajoute 50 millions pour les Ehpad, ça parait beaucoup. Mais j'ai fait le calcul, il y a 7250 établissements, ça fait 0,15 équivalent temps-plein d'aide soignante pour chacun... C'est largement insuffisant. Même si ça montre que quand le gouvernement est face au mur, il sait trouver des moyens...
Ne craignez-vous pas un effet d'aubaine pour le secteur privé lucratif ?
Les groupes privés font de l'argent. Mais les Ehpad les mieux lotis, avec les ratios supérieurs à la moyenne et ont un fonctionnement dont on s'inspire, sont publics. Et ce sont les plus pauvres ! Des Ehpad du secteur privé non lucratif se retrouvent en faillite et sont rachetés par le privé lucratif. J'interdirais à qui que ce soit de faire de l'argent sur l'humain. Quand un établissement privé lucratif de 75 places fait payer 1000 euros de plus par mois, il dégage 900.000 euros par an, l'équivalent de 22 équivalents temps-pleins.
Où en est la proposition de moratoire du projet de loi souhaité par tous les groupes ?
C'est seulement une demande, ce n'est pas acté...
