Témoignage d’une interpellée après l’action anti-pub

Hier soir j’ai vécu ma première interpellation et embarcation au poste de police. J’ai participé à une action organisée par le mouvement non violent Extinction Rebellion contre la pub. L’action avait pour but de dénoncer l’absurdité de ces panneau publicitaires omniprésents dans nos villes et qui nous poussent à la consommation de produits de grands industriels, responsables de catastrophes écologiques en cours et à venir, qui me terrifient pour mon futur et celui des générations proches.

Pendant le confinement, j’avais pris conscience plus que jamais que cette pub était non essentielle et absurde. Cette action a eu lieu le même jour dans plus de 25 villes en France. Nous avons été 30 à y participer à Besançon.

Pendant l’action, nous étions par équipes de 5 et portions des masques pour respecter les précautions sanitaires. Le briefing de l’action avait été fait en visioconférence pour que nous ne nous retrouvions jamais tous ensemble.

L’action pour notre équipe consistait à recouvrir de blanc de Meudon (un mélange de craie et d’eau), les panneaux publicitaires d’une zone définie. Nous scotchions aussi avec du scotch pour peinture, très facilement enlevable, des affiches faites nous mêmes ou par le mouvement. Il y en avait une par exemple où on pouvait lire : « La pub transforme nos désirs en besoins », ou une autre « Un panneau publicitaire consomme comme 3 familles ».

Nous avons commencé l’action à 23h. Nous avancions dans les rues et l’ambiance entre nous 5 était joyeuse. C’était la première action de désobéissance civile non violente pour deux de notre équipe. On nous avait expliqué que des centaines d’actions de ce type avaient déjà eu lieu partout en France. En cas de flagrant délit, le plus probable était que les forces de l’ordre nous laissent partir après une vérification d’identité ou qu’ils nous demandent de nettoyer (le mélange de craie et d’eau s’enlève très facilement avec de l’eau). Une des deux participantes pour qui c’était la première action nous prenait en photo pour que nous publiions ensuite l’action sur nos réseaux sociaux.

Lorsque la police est arrivée, nous étions à notre 11 ème panneau barbouillé de craie. Nous avons posé calmement nos affaires et leur avons dit bonsoir, poliment. Lorsqu’ils nous ont dit qu’ils nous embarquaient au poste de police, nous avons été surpris. Ce n’était que de la craie et du scotch, et des messages non violents : « Plus d’arbres, moins de pub ».

Nous avons donné notre carte d’identité et sommes montés dans la voiture. Un de notre équipe était parti à ce moment là un peu plus loin pour jeter une bouteille de blanc de Meudon vide. Lorsqu’il a vu que nous nous faisions embarquer, il est parti pour prévenir les autres équipes. Heureusement qu’il a pu les prévenir : la police a refusé que nous prévenions nos proches lorsque nous le leur avons demandé, alors que cela faisait partie de nos droits. Nous n’avons pu le faire qu’une fois sorti du commissariat.

Dans la voiture, l’ambiance était détendue. Nous étions étonnés et décontenancés par cette arrestation pour une si petite infraction : mettre de la craie sur un panneau. Mais les policiers dans la voiture ont été agréables. « C’est comme un tour de manège gratuit », a plaisanté l'une des policières. Nous avions l’impression qu’ils étaient eux même étonnés de nous avoir arrêtés pour si peu.

A l’arrivée dans le commissariat, l’ambiance s’est refroidie : ils nous ont assis sur un banc où il y avait des menottes (mais ne nous les ont pas attachées). Nous étions serrés sur le banc. Les policiers ne portaient pas de masques et n’ont pas pris de précautions sanitaires particulières pour prendre nos cartes d’identités ou passeports. Ensuite, ils nous ont demandé d’attendre, le temps de vérifier nos identités par le biais de nos permis de conduire enregistrés dans leurs fichiers.

Le commissaire est arrivé pour nous faire un coup de pression. Son discours ? : «: « Vous pouvez refaire le monde, mais pas dans ma ville, et pas aux heures où je travaille, la prochaine fois que je vous vois c'est GAV, puis maison d’arrêt, et alors là vous pouvez dire adieux à pas mal de jobs », etc. Il n’a pas compris que notre groupe ne présentait pas de leader et a désigné dès le premier instant un des membres de notre équipe, plus âgé et masculin, comme tel.

Environ 1 heure après le début de l’interpellation, ils nous ont laissé repartir. Des membres d’une autre équipe qui avait été prévenus nous attendaient dehors. Une autre équipe avait été également arrêtée de manière similaire. En tout dans la ville, nous avons redécoré 85 panneaux.

Plusieurs choses m’interrogent après cette interpellation : pourquoi nous avoir emmenés au poste de police pour de la craie et du scotch sur des panneaux publicitaires, alors que nous avions nos papiers d’identité sur nous et que nous n’avions opposé aucune résistance ? Pourquoi le commissaire nous a parlé de maison de correction et de casier judiciaire alors que cela est du ressort du juge et nullement de la police ?

Et enfin pourquoi les policiers n’ont pris aucune mesure de distanciation ou de précaution sanitaire, alors que nous étions 5 jours après la fin du confinement et que des mesures «« exceptionnelles » sont prises au nom de ces précautions sanitaires, comme des amendes de 135 euros données sans retenues aux manifestants qui respectent pourtant la plupart du temps les distanciations ? Si la police ne prend même pas pour elle de précautions sanitaires, pourquoi verbalise-t-elle à tout va pour cela les manifestants ?

Maé (prénom fictif)

Commentaires

  •   Intimidation sans

      Intimidation sans précaution….cool  …..et lorsque je constate que les « Régionalistes » ,(incarnés par Allenbach), »l’alliance  » L R ,L R E M….; (Fagaut  -Alauzet  ) , morte avant de commencer….risquent de nous « gaver » avec  la Sécurité et  leur perception de la Sécurité..Eux sentent la Naphtaline!  (article dans le  régional concurrent..)  Vignot serait  » radicale  et  intrusive.. »..bravo l’intelligence du débat politique….


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