Des cymbales à la barre à mine de crayon

Batteur de jazz de talent, Patrick Barbenoire aime les jeux de mots, l'absurde et la philosophie, voire la pataphysique. On le savait musicien accompli, on le découvrit clown, du Cirque Plume à un renversant one-man-show, « L'Origine comique de la vie ».
Il en a repris quelques pistes pour son premier livre, « Qui me cherche se trouve », une fiction drôle et malicieuse de près de 200 pages composée de lettres à des personnages plus ou moins proches qu'il signe de noms de codes. Andy Kapp sollicite ainsi un séjour auprès du directeur du Centre de Ressourcement pour Artistes Déprimés. On le comprend quand il avoue : « Je suis tellement habitué au bonheur que j'en oublie d'être heureux. »
Sam Gratte, qui habite « rue du Furoncle à Grosbouton », évoque sa mélancolie dans un « réquisitoire du prisonnier » adressé à son juge, à qui il explique : « L'autre jour, j'étais dans le Midi. J'avais un moral à tout casser qui m'a cassé le moral et ça m'a miné. Alors dans un bar à Nîmes, avec une barre à mine, j'ai tout cassé. »

« Le monde réel existe... »

À saint Pierre, il écrit : « Je ne perds pas de vue que s'accepter, c'est s'adopter sans être dupe » puis qu'il est « convaincu que la Vie est trop courte pour trouver le Temps long ». Il écrit au gardien du cimetière Léon-Blum, à un psychothérapeute, un psychiatre, sa maman, un conseiller matrimonial, l'archevêque de Londres... Il en profite pour jouer avec les contradictions et les angoisses existentielles. Pour « applaudir ceux qui se prennent par la main pour aider les manchots ». 
Il assure avec aplomb que pour « réussir un suicide il ne faut pas se rater », lui qui est « entré dans la Vie avec pour tout bagage familial le regard de mon père, les yeux de ma mère et les pupilles de la nation ». Il explique à son psy qu'à sa prochaine déprime, il ira chez le dentiste : « Ne croyez pas que j'aie une dent contre vous, mais mon dentiste a ça de bien que dès que j'ouvre la bouche, il ramène sa fraise », ce qui « plombe l'ambiance...»
On ne s'étonnera donc pas qu'un chapitre s'intitule « Le monde réel existe, j'ai du mal à me l'imaginer » !
 
 
« Qui me cherche se trouve », 196 pages, 18 euros. www.leseditionsduvendredi.com A Besançon : dépôt aux Sandales d'Empédocle et chez Camponovo.
 
 

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