Timéo et les jours d’après…

Après le confinement, on se pose tous des questions : quel monde pour demain ? Que faire pour changer les choses ? À Boussières, petit village du Doubs, des enfants et des adolescents proposent des solutions. Rencontre avec l’Association « Rêve d’éléphants » et entretien avec son président de 14 ans, Timéo.

p1240621

Tout a commencé 19 rue Ronchaux à La Citronnade, cantine végétarienne, espace des cultures, lors d’un atelier intitulé « Quel est ton projet ? » organisé par Anne-Fleur. Autour de la grande table, 8 personnes prennent la parole pour parler de leur projet réalisé ou rêvé.

Tommy explique avoir eu trop de plants de tomates et les avoir plantés dans divers lieux de Besançon afin d’en faire profiter les habitants. Il est ensuite question d’installation de fermes, d’un monde à venir basé sur le partage.

Tour de table. La parole arrive à Timéo âgé de quatorze ans. Il intrigue, se lance sur une longue tirade sur les incroyables comestibles et nous invite à venir partager son expérience le 4 juillet à Boussières. La curiosité bien aiguisée, je me rends à Boussières. En pleine nature, un éléphant gonflable trône au milieu de tipis, de trampolines et de jardins cultivés. Des jeux « trouvez le bon plant ! » et un chamboule tout. Un carré de « patates sur gazon ». Quelques bénévoles gèrent la vente de glaces, de gâteaux, de bouteilles à l’étiquette « Semons l’espoir ».

Les bâtisseurs de demain

Timéo s’affaire. Il est soucieux, car un problème électrique menace le déroulement de la soirée. La structure gonflable tombe et ici on a besoin d’électricité pour la cuisine et le concert du soir. Ce jeune adolescent préside la Junior association.

Il continue la visite du jardin : « Là nous avons des citronniers et des avocatiers. Ici nous faisons pousser des pommes de terre juste avec des épluchures et des germes, des tomates sans tuteur. Ici c’est un buisson nourricier de framboises et de groseilles. Après le confinement nous avons planté un figuier issu du marcottage, car c’est un arbre susceptible de donner beaucoup de fruits. Avec un figuier on peut nourrir plein de monde… ».

Timéo n’en finit pas de croire en l’avenir, en un monde de partage et de travail pour nourrir tout le monde. À 8 ans Timéo s’engageait dans le mouvement citoyen d’agriculture urbaine, « Les incroyables comestibles », qui consiste à inviter les habitants à planter des légumes partout en ville. Marteau en main, il construisait déjà des jardinières. À 12 ans il crée une Junior association, « Rêve d’éléphants », et entre deux soucis d’organisation, il répond à quelques questions.


Entretien avec Thiméo, président de l'association Rêve d'éléphants

Timéo, c’est quoi l’Association Rêve d’éléphants ?

Quand nous étions petits, nous sommes allés en Thaïlande et là nous avons rencontré un cornac et son éléphanteau. Lou, mon frère, voulait tout savoir sur l’éléphant, ce qu’il mange, pourquoi il vit en ville etc. Nous avons appris que les éléphants sont en voie de disparition. Il a décidé d’être cornac quand il sera grand.

En 2016, Lou a eu un cancer. Il est aujourd'hui guéri. Son rêve était d’aller voir les éléphants et de les sauver. J’ai créé la Junior association pour aider celles et ceux qui s’occupent de la semi-introduction des éléphants. Les éléphants sont dans des parcs et l’idée est de les remettre dans leur espace naturel au Laos et en Thaïlande.

 La loi interdit aux mineurs de créer des associations Comment avez-vous fait pour créer la Junior association ?

On peut créer une association à partir de 12 ans sous tutelle de la Ligue de l’enseignement. Notre junior association est une association composée en majorité par des mineurs. Ces mineurs composent le conseil d’administration. Nous sommes six mineurs dans l’Association.

Quelles sont les activités de l’association ?

Il y a beaucoup de choses à faire pour changer notre monde. J’ai voulu créer « l’école de l’autonomie », un lieu où on peut apprendre à devenir autonome et où on respecte ce qui nous entoure, la nature. On organise des ateliers afin que tout le monde sache produire des légumes et les transformer. On organise des ateliers de bricolage avec des objets de récupération, les palettes sur lesquelles vous êtes assis peuvent être transformées en jardinières. On a trop de choses. Nous on veut exploiter tous les moyens pour produire assez pour tous les êtres sur cette terre.
On se déplace un peu. « Ici c’est le jardin de l’autonomie alimentaire : on apprend à être autosuffisant, on plante, on récolte, on cuisine. Tous les légumes du jardin sont cuisinés par nous. »

 Le terrain appartient à qui ?

Le terrain est loué depuis octobre par l’association « L’école de la vie », une association qui vient de naître et travaille avec nous sur nos projets pour obtenir des subventions et échanger des savoirs…

 Pourquoi avez-vous choisi le village de Boussières ?

L’ancienne municipalité était une des rares qui avait initié un arrêté anti-glyphosate. Pas sûr que l’actuelle municipalité tienne cette position.

Quelles pistes explores-tu pour cultiver dans le jardin de l’autonomie ?

On a fait un carré de patates sur gazon. C’est assez facile. Tu poses les patates sur le sol sans creuser. Tu recouvres de fumier et de paille et ça pousse tout seul.

Il y a beaucoup de choses à explorer : les chinois ont inventé la serre bio climatique à mettre contre un mur pour avoir de la chaleur même la nuit.

Je travaille aussi sur l’aquaponie : ça se passe entre les végétaux et les poissons et sur la base qu’un des éléments devient la nourriture de l’autre. Avec cette technique, on peut obtenir l’indépendance alimentaire de beaucoup de monde.

Quels sont vos autres projets ?

On va créer un jardin potager avec le Lycée Saint-Joseph. On est partenaire de « Semons l’espoir », l’association qui a crée la maison des familles pour que les familles puissent venir voir ceux qui sont malades. Une partie de la recette du jour sera reversée à cette association.

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !