« Je veux que les gens sachent ce qui s’est passé dans cette radio »

Il est temps pour moi de rendre public ce que j'ai subi lorsque j'étais salariée à Radio Shalom Besançon, de septembre 2019 à septembre 2020.

Vous vous souvenez de la mini polémique sur Christian Tal-Schaller, censé être invité sur cette radio, cet été ?
Un de mes collègues, que l'on nommera X, avait prévu d'inviter (sans concerter qui que ce soit) le fameux complotiste Christian Tal Schaller, un type qui tient, entre autres, des propos plus que problématiques sur le VIH.
Choquée par ce "choix" "éditorial", j'ai exprimé mon désaccord en interne, sans succès : de toute façon, même au bout d'un an dans l'équipe, même au bout d'un an de dévouement dans mon taff, mon avis et mes positions n'étaient que rarement pris en considération. Malgré mes compétences, mes connaissances et mes expériences, dommage pour moi, j'étais la seule meuf dans toute l'équipe, TMTC comme c'est dur d'être prise au sérieux... Vu que certains de mes collègues m'ont ri au nez lorsque j'ai dit que c'était super craignos d'inviter Tall Schaller à l'antenne, et sans contre-discours qui plus est, j'ai décidé, fin juillet 2020, de contacter l'antenne locale de AIDES pour les prévenir de l'invitation d'un tel bonhomme, sur une radio censée promouvoir les luttes contre les disciminations (!). Car en tant que salariée de cette radio, et en tant que militante, je trouvais cela GRAVE. Et absolument pas éthique. Voire carrément dangereux.

Je précise que je n'ai pas divulgué d'information confidentielle : mon collègue X ayant annoncé publiquement l'interview de Tal Schaller dans les prochains jours.

L'association AIDES a pris mon alerte au sérieux et planifié un rassemblement devant les locaux de la radio, le jour de l'interview, c'est à dire le mercredi 5 août 2020. Une mobilisation publique by AIDES, avec accord de la préfecture et tout le tintouin.

Le mardi 4 août 2020, en soirée, le président de Radio Shalom Besançon a annoncé, dans un communiqué de presse, l'annulation de l'interview de Tal Schaller prévue le lendemain. Bah oui, quand c'est une petite salariée féministe casse-couille de 24 ans qui s'insurge en réunion, on s'en tape : mais quand c'est une association nationale qui risque de faire de la mauvaise pub à Radio Shalom Besançon, là on réagit.

Le mercredi 5 août, mon collègue X a pris l'antenne, comme tous les jours, pour faire son émission en direct sur les ondes du 99.5 FM. Visiblement, il était mécontent que son interview-buzz soit annulée, et a considéré que j'avais monté un complot contre lui. Mon collègue X, journaliste et animateur (le même poste que moi) à Radio Shalom Besançon, a été connecté sur mon compte Facebook personnel, via l'ordinateur du studio de la radio, durant 1H30 ce jour-là. Il a fouillé 5 de mes conversations privées, a lu certains de mes échanges personnels à l'antenne et a proféré des menaces à mon égard. Tout ça en direct à l'antenne, oui oui. J'ai les captures d'écran (X n'a même pas supprimé l'historique de l'ordi...), et les enregistrements de son émission dans laquelle il rend publics mes messages privés, en toute tranquilité, OKLM. L'image qui va avec ce post FB est la capture d'écran de l'historique de l'ordi du studio de la radio.

Dés le lendemain, j'ai fait un courrier à mon employeur pour l'informer de ce que mon collègue avait fait. Réaction mollassonne. Une enquête interne a été déclenchée (à ma demande), tout cela a pris éééééénormément de temps et j'ai dû mener une bagarre qui m'a pris de l'énergie, et de l'argent (80 balles d'avocate, les gars, quasiment 1/5ème du salaire que je touchais dans cette boîte). Je n'ai pas eu l'impression d'être soutenue, ni même prise au sérieux. Mon employeur a minimisé l'acte de X (ils se connaissent depuis des années, et se tutoyent. Ah, cette bonne vieille solidarité masculine face à ces connasses de féministes, hein.)

Malgré mes nombreuses demandes de réparation (financière et symbolique), mon ancien employeur a refusé de faire un communiqué de presse pour présenter des excuses publiques et se désolidariser du comportement d'une des voix publiques de son antenne. Au bout de 2 mois d'"enquête interne", le collègue X en question a eu une mise à pied de 5 jours, chose que je viens d'apprendre. Un peu léger par rapport à la violence de son acte. La déontologie s'est fait asperger de caca sur Radio Shalom Besançon.

J'ai également porté plainte au commissariat de Besançon (autre bagarre car au début les flics ont refusé de prendre ma plainte : ce qui est totalement interdit par le code de déontologie des forces de l'ordre, en fait).
Bref, un sacré bordel : je veux que les gens sachent ce qui s'est passé dans cette radio. Si on dénonce pas de tels comportements, y'a aucune raison que ça s'arrête. Messieurs mes ex-employeur et collègue : vous pouvez, si vous avez la détermination, déposer une plainte pour diffamation contre moi. N'oubliez pas que de la détermination j'en ai aussi, car je reste persuadée que si j'avais pas passé/gâché une bonne partie de mon été à mener cette bataille, il ne se serait RIEN PASSE DU TOUT.

Chère Radio Shalom Besançon :
J'espère qu'un jour, tu trouveras anormal d'avoir une seule meuf dans ton média, que tu trouveras anormal que certains salariés masculins ne fassent jamais leur part de ménage, que tu trouveras anormal de pousser les gens à bout et de ne pas respecter leur travail.

Que tu cesseras de protéger et cautionner les comportements oppressifs, les blagues racistes, les réflexions sexistes.

PS : il y a dans cette radio des personnes que j'aime beaucoup (#notallsalariés) et qui font un super boulot, avec éthique et convictions. Il/elle se reconnaîtront.

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